Enceinte

Localisation :

Dates :

1356

État du batiment :

Détruit

Enceinte de Tours au XIVe siècle, Carte interactive ParTouRs.
Crédits : © ParTouRs

Assurer la protection de la cité face aux dangers potentiels a toujours été l’une des préoccupations principales de la municipalité de Tours. Cette protection ne pouvait s’envisager sans la construction d’une enceinte fortifiée venant enserrer la ville. En 1356 après la défaite de Poitiers, le roi Jean Le Bon donna l’autorisation à la ville d’entreprendre la construction d’une vaste enceinte fortifiée venant réunir les deux espaces jusque-là séparés qu’étaient la Cité à l’est autour de la Cathédrale et Châteauneuf à l’ouest autour de Saint-Martin [Galinié, 2007, p. 301], espaces déjà fortifiés depuis le haut Moyen Age et qui ont fait l’objet de nombreuses réfections, encore en 1354, lorsque les habitants de Châteauneuf réparent leur clôture et creusent de nouveaux fossés [Chevalier, 1985, p. 24].

 

L’enceinte du XIVe siècle

Le tracé de la nouvelle enceinte longeait la Loire au nord, les zones marécageuses au sud, et s’étendait entre les paroisses de Saint-Pierre-des-Corps à l’est et de Notre-Dame-la-Riche à l’ouest [Toulier, 1974, p. 351]. Les comptes de la municipalité permettent de suivre en partie l’avancée des travaux. En 1358, le secteur ouest avait déjà bien progressé. Il fallut attendre l’année suivante pour que la muraille soit achevée de ce côté. Ponctuellement, quelques éléments avaient commencé à émerger sur la Loire en 1358 [Toulier, 1974, p. 352].

Le système défensif de la ville fut renforcé par la présence de tours et de portes tout au long du tracé des remparts. Côté nord, le niveau fluctuant de la Loire ne permettait pas toujours de maintenir en eau le pied de l’enceinte. Dès 1417, il fut envisagé de bâtir une digue allant des ponts de la Loire jusqu’à l’hôpital de la Madeleine (à l’est de la ville). Abandonné dans un premier temps, le projet fut repris et achevé en 1446-1447, et constitue le prolongement des turcies de Loire (levées de terre) au niveau de la ville, pour protéger celle-ci des montées du niveau du fleuve. Les murs, culminant à une dizaine de mètres et large de deux mètres, manquaient de solidité et nécessitaient de fréquentes réparations. Certaines portions de la muraille ne permettaient pas d’installer de véritable chemin de ronde. Il se contentait donc d’être, à ces endroits, de simple chemin de bois sans grande stabilité. La municipalité entreprit, à partir de 1442, de reprendre certaines sections de l’ouvrage à base de chaux et de sable et de construire un chemin de ronde en pierre [Chevalier, 1985, p. 118]. Les remparts demandaient un entretien constant et étaient perpétuellement en chantier. Le coût des travaux pesait sur les finances de la cité qui se montrait incapable de suivre le rythme effréné des dégradations. Louis XII vint au secours de la municipalité en janvier 1500 et lui octroya un revenu annuel afin d’aider à l’entretien des murailles, portes, ponts et rues [Giraudet, 1885, p. 228].

Au pied de l’enceinte, sur les flancs est, ouest et sud, un double fossé longeait les 4335 mètres de l’enceinte. Il pouvait se mélanger aux boires (des dépressions topographiques irrégulièrement inondées) du côté de La Riche et de Saint-Vincent. Ces fossés étaient souvent transformés en jardin (Renumar, 28 mai 1477), voire bâtis (Renumar, 4 mars 1561) ou pouvaient également recevoir les fumiers et immondices de la cité (Renumar, 23 juin 1469).

La clouaison de Jean le Bon, outre ses problèmes techniques, s’avéra également très vite insuffisante. Les faubourgs de la ville, notamment à l’est et à l’ouest, étaient laissés sans protection. Ce phénomène fut accentué par la croissance rapide de la cité. Entre 1447 et 1450, la municipalité entreprit de légèrement repousser les murs au sud pour avoir une meilleure protection de Saint-Vincent et Saint-Étienne et prolonger la rue de La Scellerie [Chevalier, 1985, p. 221].

 

Les projets d’agrandissement

Sans qu’une véritable nouvelle enceinte voie le jour, plusieurs projets d’agrandissement des murs de la ville ont été envisagés entre le milieu du XVe et la fin du XVIe siècle. Dès 1476, les élus réfléchissaient à agrandir la ville au Nord. L’idée fut soumise à l’approbation du roi. Pour se faire, la municipalité confia au peintre Allart Folartin la réalisation de deux « patrons ». Le roi reprit le projet à son compte et lui donna plus d’ampleur. Après étude du terrain, il envoya Hardouin de Maillé pour expliquer ses intentions au corps de ville en 1480. Le projet, ambitieux, prévoyait de repousser la Loire au nord et de faire gagner à la cité près de 30 hectares. Les travaux commencèrent du côté de Marmoutier soulevant de vigoureuses protestations des religieux de l’abbaye. À cela, s’ajoutèrent des difficultés financières, météorologiques et techniques qui provoquèrent l’abandon des travaux à peine un an plus tard [Chevalier, 1985, p. 150-151].

Suite à cette entreprise infructueuse, la ville décida d’abandonner toute idée d’agrandissement sur la Loire et tourna ses projets d’extension vers le sud. François Ier, en 1520, accorda à la municipalité l’autorisation d’intégrer les faubourgs à l’enceinte après présentation des deux plans réalisés par le peintre Jean de Pousay. Seule une partie des travaux furent réalisés, les guerres d’Italie ayant stoppé la progression de l’ouvrage [Giraudet, 1885, p. XLVII]. La ville dut attendre la fin du XVIe siècle pour recevoir une véritable nouvelle fortification [Chevalier, 1985, p. 229].

 

L’enceinte du XVIe siècle

Le dernier projet d’ampleur que connut l’enceinte de la ville débuta en 1589. Gilles de Souvré, gouverneur de Touraine, qui souhaitait fortifier le faubourg de Saint-Pierre-des-Corps, demanda à l’architecte Monsieur de Saint-Marc de réaliser un plan de fortification. La même année, Jean II François, maître des œuvres en maçonnerie, charpenterie et ouverture pour le roi en Touraine, fut chargé, avec son fil Ysaac et Jacques II Androuet, dit du Cerceau, architecte du roi, d’estimer la surface du pourtour des faubourgs de la ville en vue d’une nouvelle fortification. En 1590, trois projets d’accroissement furent présentés aux maire et échevins de Tours, qui choisirent la dernière proposition plus en accord avec les besoins réels de la cité. Ce dernier visait à intégrer les faubourgs à l’enceinte [Dubant, 2006, p. 223]. Le roi donna son accord et les travaux purent débuter le 8 octobre 1591. Après plusieurs rectifications du projet, les travaux furent achevés en 1685, soit près d’un siècle après les premières réflexions [Dubant, 2006, p. 224]. En définitive, le nouvel enclos permit de doubler la superficie de la cité, qui avoisinait dès lors les 120 hectares [Dubant, 2006, p. 228]. Devenus obsolètes, les anciens remparts et fossés de la clouaison furent en partie vendus et les murs progressivement démolis [Galinié, 2007, p. 403].

 

Bibliographie

Chevalier Bernard, Tours, ville royale, 1356-1520, Chambray-lès-Tours, C.L.D., 1985.
Dubant Didier, « L’enceinte urbaine de la fin XVIe-début XVIIe siècle à Tours (37) : nature et fonction », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 52, 2006, p. 223-234.
Galinié Henri (dir.), Tours antique et médiéval. Lieux de vie, temps de la ville. 40 ans d’archéologie urbaine, Supplément à la RACF no 30, numéro spécial de la collection Recherches sur Tours, Tours, FERACF, 2007.
Giraudet Eugène, Les artistes tourangeaux, architectes, armuriers, brodeurs, émailleurs, graveurs, orfèvres, peintres, sculpteurs, tapissiers de haute lisse, notes et documents inédits, Tours : Impr. de Rouillé-Ladevèze, 1885.
Toulier Bernard, « Contribution à l’étude du tracé de l’enceinte du XIVe s. à Tours (angle Nord-Ouest) », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 37, 1974, p. 351-371.


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